Deuxième chimio, avec de la nourriture dans le ventre.
Avant l’injection : Dans une heure je pars pour l’hôpital où je vais revoir mon oncologue puis recevoir ma deuxième « dose » de chimio. J’ai presque l’impression d’aller à l’abattoir (le comble pour une végétarienne ?!). Je vais autant vers l’inconnu que la première fois car je ne sais pas comment va réagir mon corps. Il y a trois semaines, j’avais décidé de jeûner. J’avais lu pas mal de trucs sur le jeûne pendant la chimiothérapie et pour moi, c’était une évidence que je devais essayer puisque j’étais tellement flippée et que je n’avais rien à perdre, c’était mon seul espoir et ma seule piste pour réduire les effets secondaires. Et comme apparemment, le fait d’affamer les cellules cancéreuses avant la chimio les rendraient plus vulnérables au traitement… ça avait l’air d’être le super plan et j’étais sûre de ce que je faisais. Je devais jeûner la veille, le jour puis le lendemain du traitement. Au final, j’étais tellement faible que j’ai tenu jusqu’au jour-J 15h (j’étais sortie de l’hôpital à 12h30…). Si cela n’a pas fonctionné pour moi, j’attribue surtout ça au manque de réserve qu’a mon corps. Cette méthode a marché pour d’autres personnes donc je pense que chacun réagit différemment, comme pour tout finalement. Alors, je viens d’avaler un plat de riz et je me sens comme une sportive molle de la fesse qui se prépare pour un marathon.
Cette fois-ci est également différente car lors du premier traitement, le patient a le droit d’être accompagné et d’être dans une chambre, seul, peinard. Par contre, pour les fois d’après, fini le traitement de faveur. À l’hôpital de Lorient, il y a deux chambres avec quatre fauteuils et une avec cinq fauteuils. On reçoit notre chimio tous en même temps, dans une des chambres, assis. Et, pour l’intimité de chacun, il est interdit d’être accompagné. Et ça, ça fait chier. Les machines sont sans cesse en train de sonner, j’appréhende beaucoup l’atmosphère et l’image que vont me renvoyer les gens : je vais me sentir malade. Je sais que je vais trouver ça hyper glauque et que je vais mal vivre le fait de ne pas voir de visage familier qui agit dans ce genre de situation comme pilier et repère, comme un lien avec l’extérieur qui me rappelle que ce n’est qu’un mauvais moment à passer et que bientôt, je serai dehors… à affronter autre chose : les effets secondaires. Mais au moins, je ne serai plus dans cet endroit que je déteste.
Après l’injection : retour à la maison, j’attends que les vagues arrivent (en vrai je visualise ça comme des vagues de vomi, ouioui, et non comme les jolies vagues apaisantes d’eau de mer). J’ai une barre au niveau du front, je me sens vaseuse et presque défoncée. Je sais que ça va bientôt venir et que je vais en chier. J’étais toute guillerette à l’hôpital parce que j’ai été mise dans une chambre seule et donc mon copain est resté avec moi. J’ai regardé « Friends » (l’épisode où Ross revient avec Julie et que Rachel l’attend à l’aéroport, so sad) et envoyé des textos. L’infirmière m’a dit que quand il y avait de la place, les personnes jeunes (genre moi) étaient mises en chambre seule. Putain ça me donne (trop) d’espoir pour les prochaines séances. L’oncologue a été surprise lorsque je lui ai parlé des fourmillements affreux, des impatiences, que j’ai eu lors de la première chimio. J’espère que c’était dû au jeûne et que je ne vais pas encore autant morfler ma mère. Je vaporise du chanvre en plus, j’espère qu’étant donné que je fais les choses différemment, les effets secondaires seront différents. J’espère beaucoup trop de choses pour une meuf qui vient de recevoir des poches de poison. Je me sens toute drôle d’avoir autant de produits chimiques dans mon corps. Et ça m’angoisse un peu d’y penser. Donc, je vais essayer de regarder une série.