Ariel Kynodontas

Fighting The Crab

logo instagram logo rss
haut de page
canine le 16 septembre 2020

Mon sein en mousse.

Léon est né le 19 août 2020 à 16h22.

En 2h et sans péridurale, j’ai eu l’accouchement que je souhaitais, à base de c. et de c. mais on ne peut pas tout avoir (et ça fera probablement le sujet d’un autre article).


J’ai allaité ma fille jusqu’à ses 11 mois, et donc, quand je suis tombée enceinte de Léon, pour moi c’était une évidence d’allaiter, devoir lui donner le biberon ne m’avait même pas traversé l’esprit étant donné que dans mes souvenirs, ma gynécologue/chirurgienne avait laissé les canaux de lactation sur le sein dit malade. Je ne m’en occupais donc pas et j’avais d’autres chats à fouetter.
Mais durant le confinement, j’ai commencé à observer une différence de taille entre mes deux miches. Bon, plus j’avançais dans ma grossesse et plus la différence se prononçait et plus elle me complexait. Ma gynécologue m’a dit entre temps qu’il était probable que je ne puisse allaiter que d’un seul sein. En cause, la radiothérapie qui ratisse tout sur son passage et qui atrophie les canaux de lactation et non la chirurgie, comme on pourrait le penser.
Autour des 6 mois de grossesse, j’ai rencontré une consultante en lactation pour connaitre son avis et pour qu’elle me conseille. Ne pas pouvoir nourrir moi-même mon bébé (avec mon lait, j’entends), m’angoissait beaucoup. Elle me dit que les seins se souviennent, que j’avais déjà une histoire d’allaitement long et que si le sein était stimulé par la succion du bébé, peut-être allais-je pouvoir allaiter également de ce sein.
Elle avait rencontré deux femmes dans mon cas, une avait réussi à allaiter avec les deux et une autre n’avait pas essayé avec le sein malade car l’histoire qu’il lui renvoyait était trop douloureuse.
Elle me dit également qu’il est tout à fait possible d’allaiter exclusivement un bébé (sans ajout de biberon de lait en poudre) avec un seul sein, dans certaines cultures, c’est très courant, il y a également des femmes qui font ce choix car un de leur sein donne moins ou très peu de lait et elles finissent par en « abandonner » un et puis c’est le cas aussi pour des jumeaux après tout.
Arrive le jour de l’accouchement, je n’y croyais franchement plus trop à cette histoire d’allaitement avec les deux seins, le sein « malade » ne semblait pas contenir de colostrum lorsque je le pressais, contrairement à l’autre. Mais je me devais d’essayer.
Léon était posé en peau à peau sur moi, mon corps était encore dans l’accouchement, choqué. Et j’avais l’impression de n’avoir jamais allaité, je ne me souvenais plus comment faire. La sage-femme a dû m’aider à le positionner correctement pour téter, j’avais envie de commencer par le sein « sûr ». Puis, je suis passé à l’autre avec une petite appréhension, elle me dit que les deux sont pareils et je lui réponds que justement, non. Elle ne pouvait pas savoir, je ne voulais pas la mettre mal à l’aise.
Léon tétait sur les deux seins de la même façon et aussi régulièrement pendant les 48h qui suivirent l’accouchement, il semblait déglutir également avec le sein malade. Cela me paraissait étrange, mais bon. Jusqu’à la nuit de la montée de lait, dite « nuit de l’horreur », tmtc. J’ai bien eu ma montée de lait, je m’en suis rendue compte le lendemain, j’étais tellement dans le pâté sur le moment. Il a tété non stop toute la nuit, j’avais les seins en sang, littéralement. Le pauvre s’est tellement acharné sur mon sein cancéreux alors qu’il n’y avait rien que j’avais des crevasses de film d’horreur. J’ai fait des pansements au lait maternel pour soigner tout ça. J’avais décidé de laisser un peu ce sein tranquille, le temps qu’il se remette et qu’il me fasse moins souffrir. Le frottement des vêtements était un enfer. J’avais également mal à l’autre, j’avais des crevasses aussi mais il fallait que je nourrisse mon bébé et que je m’accroche.
Et un deuxième coup dur est arrivé lorsqu’à J+5, je vais chez mon médecin pour qu’il pèse mon fils. Il me dit que s’il n’a pas retrouvé son poids de naissance à J+7, il faudra envisager de compléter au biberon. Je sors effondrée du cabinet, je ne vais pas vous mentir, je me sens comme une merde, comme une mauvaise mère égotiste et pleine de culpabilité. Ma sage-femme m’appelle dans la journée, elle me dit qu’un bébé nourrit au biberon doit avoir repris son poids de naissance à J+7 effectivement, mais qu’un bébé allaité a jusqu’à J+10 voire J+15 pour le retrouver (je partage cette info si cela peut sauver rien qu’un allaitement).
Tout compte fait, Léon prend du poids même plus rapidement que la moyenne (environ 80g par jour) et il tète actuellement que sur mon sein droit. Je tente de temps en temps l’autre notamment lorsqu’il vient de vider le « bon » et que l’action nourricière n’est plus en jeu ou lorsque je veux tirer un peu mon lait. Pour éviter la confusion sein/tétine, on m’a d’ailleurs conseillé d’attendre un mois de vie, les stocks de lait avec un seul sein demandant encore plus d’organisation et d’anticipation.
J’avais une ordonnance pour une prothèse mammaire en mousse. J’ai fait plusieurs pharmacie pour en trouver une qui en proposait. La préparatrice avait l’air désolée pour moi, déjà parce que j’étais jeune mais aussi parce que c’est vraiment tout pourri les prothèses en mousse, (niveau sex appeal on peut comparer ça aux collants en mousse couleur chair, je pense) moi je n’en savais rien et sur le moment j’en avais pas grand chose à foutre du moment que je puisse remettre des tee-shirts sans être complexée par mes nichons Laurel et Hardy.
Avec le recul, je me trouve un peu idiote d’avoir cru pouvoir allaiter de mes deux seins, sur la moitié de mon aisselle qui a été irradiée, mes poils n’ont toujours pas repoussé, comment j’ai pu imaginer avoir du lait dans ce sein…

Je suis un peu une amazone de l’allaitement.

P.S. : que ce soit clair, je ne juge en aucun cas les femmes qui ne veulent ou ne peuvent pas allaiter. Chacune fait bien ce qu’elle veut avec ses miches, qui suis-je pour juger !!!
Il se trouve que j’adore allaiter, j’ai adoré allaiter ma fille aussi longtemps et j’espère que cet allaitement durera encore plus longtemps.
Rentre ici aussi en compte, la peur pour la santé de mon bébé. Pour ma fille, je ne voyais pas la santé comme quelque chose à laquelle il faille faire particulièrement attention. Elle était acquise, je n’avais peur de rien, je me sentais invincible et je me disais inconsciemment que les couilles n’arrivaient qu’aux autres.
Aujourd’hui, je me rends compte que la santé est précieuse, qu’il faut en prendre soin. J’ai beaucoup plus peur pour mon bébé et je suis beaucoup plus attentive à la moindre petite chose qui sort de l’ordinaire.
Covid + cancer = gros flippe de la mort qui tue !

les commentaires les plus récents sont en bas de page

4 commentaires

  • Bribri says:

    Ma Cocotte, tout ça m’émotionne beaucoup beaucoup…
    Avec tout mon amour… et à la semaine prochaine

  • Cassandre says:

    Bienvenue petit Léon ! Quelles nouvelles !!
    J’espère que les soignants qui t’entourent et ta gygy sont bienveillants et rassurants.
    même si tu n’avais pas allaité, s’il avait perdu du poids on t’aurait/tu te serais surement culpabilisé… c’est ce que vient de vivre une maman que je connais… elle n’a jamais eu autant de culpabilisation que durant cette expérience. Pourtant il arrive très souvent que bébé perdu du poids pour remonter après. C’est déjà assez stressant comme ça qu’ils se sentent obligé d’en rajouter. On fait comme on peut…
    J’espère surtout que tu vas pouvoir un peu te reposer un peu entre deux. super nouvelle n’empêche ! !
    En parlant de Laurel et Hardy j’attends aussi l’expérience de la grossesse pour revoir l’asymétrie de mes boobs, nous avons un corps treeees fluctuant. Je viens de retrouver mes règles après 2ans et arret du tamoxifene au printemps qui m’a fait des soucis de santé (évidemment contre avis onco…), et tu m’as redonné espoir dans ce projet, ton élan de vie et tes choix. J’en ai marre d’attendre alors que tout peut arriver ou jamais, recidive ou pas et puis demain une météorite, un attentat devant chez moi ou je ne sais quoi… je plaisante, mais j’en ai un peu marre de la pensée statistique du discours médical et de penser que s’y soumettre va de soi…
    Bizzzz à toi , j’espère que la grande sœur est contente et rassurée dans cette nouvelle place.

  • Aurore says:

    Toutes mes félications, prend soins de toi.

  • Lucie says:

    Je veux vous voiiir !!!
    <3 <3 <3

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *