Ariel Kynodontas

Fighting The Crab

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canine le 10 août 2018

La différence est-elle une chance ?

Vous avez quatre heures.

 

Photo : Clémentine Delait, ‘La Femme à barbe’.

 

Ma Doue, que je suis tiraillée à longueur de jours et de semaines, à longueur de mois et d’années.
Le besoin de m’affirmer comme différente, chauve, malade, donc pas ‘comme tout le monde’ me tire sauvagement le bras, avec le souhait non dissimulé de me donner le pouvoir de m’assumer avec fierté.
Le malaise d’être différente, de ne plus vraiment pouvoir vivre comme une nana de 29 ans, de sortir du lot et, d’être malgré moi remarquée, m’agrippe le bras avec force, me faisant regretter mes vieux complexes que je trouve parfois et à présent, tellement futiles.

Si je pense à la difficulté d’être différente, c’est parce qu’il y a peu de temps, la France a gagné la coupe de monde.
Nous n’avons pas de télé à la maison, et si je suis au courant de cet événement marquant, c’est parce que j’ai entendu des klaxons au loin, sur les routes de la campagne morbihannaise.
Ce soir là, je n’ai pas regardé le foot comme la plupart des Françaises et des Français.
Lorsque je pense, que je vois et que j’entends des gens si heureux, remplis de joie, j’en ai presque mal au cœur. C’est comme si c’étaient eux qui avaient été sur ce terrain, qui s’étaient préparés et entraînés pendant une année, c’est comme si c’étaient eux qui avaient transpiré pendant 90 minutes.
Mais quelque part, je souffre de ne pas avoir partagé ces accès d’allégresse parce que cela renforce mon sentiment d’exclusion et d’être encore une fois à part, à côté de tout.
Et en même temps… Pourquoi est-ce que je me réjouirai parce que des millionnaires que je ne connaitrai jamais, gagnent une coupe que je ne verrai jamais en vrai et que je ne trouve même pas jolie ? Ces rencontres qui rassemblent le temps d’une journée, ou d’une soirée, me rendent un peu triste parce que je les trouve hypocrites et surtout parce que cette unité ne dure pas.
Cela me fait évidemment penser à la manif après les attentats à Charlie Hebdo, les gens s’embrassent et défilent côte-à-côte, main dans la main et la semaine d’après, se tirent dans les pattes au moindre fait divers même pas avéré.
Nous sommes en France et en 2018 et malheureusement, comme souvent pendant ce genre de rassemblements, des femmes se sont encore faites agressées sexuellement ce fameux soir de final.
TOUT VA BIEN.

 

Ouais, je suis chiante et rabat-joie.

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3 commentaires

  • Bernard Veyries says:

    La liesse soudaine d’avoir réussi quelque chose que l’on n’a pas réalisé soi même provoque des « névroses » et ce faisant, provoque des débordements intolérables qui doivent être punis.
    Voir des smicards applaudir des millionnaires c’est pas des névroses ça ?
    Hé… Vous n’êtes pas chiante ni rabat-joie

  • Lyne says:

    Quelle belle maturité à 28 ans !!!👏Tout à fait d’accord sur les liesses par rapport au foot … la solidarité soudaine et si fugace …
    plein de bonnes choses pour toi Ariel qui a l’âge de mes enfants
    😍

  • ariel kynodontas says:

    Merci beaucoup pour ton commentaire Lyne ! Un tas de pensées et d’ondes positives pour toi <3

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