Ariel Kynodontas

Fighting The Crab

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canine le 3 août 2018

L’île aux merveilles.

Photo : Le paradis gris et nuancé de Port-Lay, photo de Valérie Hache.

Tu passes devant l’hôpital déprécié.
Tu te diriges vers la gare maritime.
Tu prends ton billet.
Tu montes à bord du bateau et tu laisses tous tes problèmes sur le continent.
Tu vis normalement, tu marches beaucoup, tu te couches tard car tu sors un peu.
Tu profites de la vue, tu tentes de prendre des photos mentales de chaque parcelle de caillou sur lesquelles tu poses tes yeux.
D’ailleurs, tu as rarement observé avec autant d’intensité, tu veux te souvenir et ne jamais oublier cette sensation, ce flottement irréel, ce bien être profond qui donne le tournis.
Tu n’es plus malade, tu n’as plus un cancer, les gens ne te dévisagent pas.
Tu l’auras peut-être deviné, tu es à Groix.

 

Il existe un endroit où le temps est suspendu, la vie s’écoule au ralenti et mes tensions y sont inexistantes.
Cette île aux multiples trésors m’aura permis de prendre un vrai rythme de vacances.
À présent, je parviens à me reposer.
J’accepte de me laisser aller, du moins pendant un temps.
Mais l’atmosphère continentale et pesante me recontaminera beaucoup trop vite. Jusqu’à la prochaine escapade, jusqu’au prochain pied posé sur le bitume de Port-Tudy.
C’est comme si, le reste du temps, je retenais mon souffle, pour tout lâcher une fois la plage des Grands Sables aperçue.
Je suis dans mon élément sur ce petit bout de terre au corps parfait, je suis amoureuse, c’est certain, alors comment vivre ailleurs en ayant connaissance qu’il existe non loin d’ici, un tel paradis ?
Tous les ans, mes plantes de pieds connaissent et retrouvent chaque pierre du jardin de Kermouzouet et, le sol de chaque bout de chemin jusqu’à la plage de Kermarec.
La vie y est douce et piquante à la fois. Le vent encercle et accroche au corps, comme cette omniprésence des breuvages enivrants et salés.
Je suis coupée de tout et la mélancolie d’être de l’autre côté est joyeusement loin.
Les mille projets se retrouvent tous ici, inévitablement et évidemment. Rien ne semble aussi paisible et délicieux, qu’une existence à cet endroit précis, entourée.
Et lorsque mon orteil parsemé de paillettes de coquillage quitte ce joyau, mon cœur s’éloigne pour regagner la terre ferme et ses problèmes de mortel, attristé de devoir dire adieu à ce pays qu’il reconnait sien.

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