My body, my choice.
Photo : Frida Kahlo, inspiration de tous les jours.
J’aime mes poils.
Maintenant que j’ai testé le corps presque imberbe, j’espère rapidement pouvoir me dire joyeusement à moi-même : ‘you don’t give a fuck’ tout en peignant la toison fournie qui se trouvera sous mes bras. Parce qu’après tout, qui d’autre que moi peut juger ou décider de mon aspect physique ? C’est comme le coup des cheveux sur la tête, je ne devrais pas craindre le regard qu’autrui pose sur moi. Je n’ai pas souvent osé assumer mes poils, ceux me tenant le plus cœur -car représentant une preuve de féminisme- étant ceux situés sur mes aisselles.
Pour être honnête, je dirais que l’épilation chez moi n’est pas instinctive, j’essaie de me détacher du fait que je le fais (sûrement comme d’autres) parce que la société m’a fait rentrer dans le crâne que ce n’était pas féminin, que c’était pour moi une obligation puisque je suis une fille.
Pendant ce cancer, mes poils sont tombés en même temps que mes cheveux. Et à vrai dire, en voyant un jour la baignoire tapissée de brins de toutes longueurs, je me suis dit qu’il était temps de tout raser. J’ai été surprise lorsque mes jambes se sont rapidement remises à piquer, pas perturbées pour un sou par les mélanges de médicaments injectés dans ce cher corps. Il était à mon sens, hôte de cet esprit malade de stress, lequel pourrait être tenu responsable de la venu du crabe squatteur de miche (ça je le saurai très bientôt).
Après ce rasage, les poils des autres parties de mon corps n’ont tout simplement plus poussé, un peu comme s’ils avaient déclaré forfait, décidés de se laisser faire et de suivre le mouvement, tels des moutons, comme les autres, comme le reste de la masse, comme la majorité.
Fin juin, quelque temps après les quatre grosses chimios, mes cils et sourcils ont commencé à se faire sérieusement la malle. Pour la première fois de ma vie, j’ai dû regarder des tutos beauté de maquillage, l’angoisse. Je commençais à me faire à l’idée -pourtant douloureuse- que j’allais perdre mes cils que j’avais l’habitude de barbouiller de mascara et mes sourcils, jadis si fournis, auxquels j’étais presque fière de ne plus retoucher à la pince à épiler.
Quand… un jour, en y regardant de plus près… j’avais peine à y croire mais, ils repoussaient bien…
Tout comme mes cheveux.
Alors, chaque jour je profite de cette vue, reconnaissante de vivre une chose dont je ne me souviens pas et me délectant d’un spectacle dont je n’avais jamais eu conscience.