Suis-je bien une femme maintenant ?

Photo : Vimala Pons, une femme avec des cheveux et le regard plein.

Voici l’étendu des dégâts lorsque mon moral est au ras des pâquerettes :

Les médicaments font de moi un être asexué, je suis devenue apathique, vide et las.
Lorsque je me regarde dans la glace et je sais que je ressemble à une femme parce que je porte du maquillage, des bijoux, des foulards de couleurs, des robes : la parfaite panoplie dite féminine.
Mais qui suis-je à l’intérieur ? Mon regard manque parfois de pétillant et je le trouve creux.
Désormais, j’ai une absence de goût à faire les choses. Passive, je me laisse faire. Je ne sais plus qui je suis, je suis en travaux et dans l’attente de ce que d’autres vont décider pour moi. Mon propre corps me semble étranger et m’est indifférent.

Et en même temps, je suis fâchée. Fâchée contre la méditation, contre le curcuma, contre le thé vert, contre le gingembre, contre l’ail, contre le yoga et contre mes compléments alimentaires qui m’ont coûté une blinde et que je ne prends pas.
Fâchée contre ce qui est ‘bon’ pour moi, fâchée contre ces remèdes naturels qui pourraient peut-être éloigner le cancer ou l’empêcher de revenir. Je suis contrariée parce que je trouve que ce qui m’arrive est injuste, moi qui suis végétarienne et qui, pour la plupart du temps fais gaffe à mon alimentation.
Alors oui, je ne suis pas sportive pour un sou. Je me suis rapidement désintéressée du sport et j’étais dispensée de toute activité physique à partir de la 3ème. Sauf pour la danse, faut pas abuser non plus : j’étais une fille quand même !
Et c’est vrai que mon hygiène de vie n’a pas toujours été irréprochable.
Mais pourquoi est-ce que ce cancer m’est tombée dessus ? Pourquoi moi ?
Serait-ce simplement parce que je suis molle du cul et que j’ai souvent bu un coup de trop ?

P.S. : En vrai, je sais que je suis une femme, entre-autre parce que je suis née avec un clitoris.